Ouagadougou

Ouagadougou - Une rue ©FDLH

Ouagadougou – Une rue ©FDLH

 

Le 13 juillet nous arrivons tous les quatre à Ouagadougou. Raymond, que nous connaissons par le père de Floriane, vient nous chercher à l’aéroport avec des amis. Nous montons dans la voiture, pour moi l’atterrissage commence.
Ce sont mes premiers moments burkinabè, je sais que je dois les vivre pleinement car il n’y a pas deux « premières fois ».

 

J’aime arriver dans un pays comme j’arriverais sur la Lune. Yeux écarquillés, sens en éveil, j’essaie de tout voir, tout entendre, tout comprendre. Je voyage pour cet état d’esprit autant que pour le pays lui-même. Peu importe où j’atterris, c’est la nouveauté, la différence, l’inconnu qui m’attire. L’impression d’être un nouveau-né. Je la laisse me gagner pendant que nous traversons Ouaga dans la nuit.

Nodin - Un regard ©BM

Nodin – Un regard ©BM

 

C’est une ville qui appartient vraiment à ses habitants. Ce soir et plus tard dans notre voyage nous les regardons autant que la ville elle-même. Coups d’œil réciproques d’ailleurs, puisque les Burkinabès n’hésitent pas à soutenir nos regards. Ici la franchise rend tout plus simple : nous sommes différents, vivons des vies différentes donc nous nous fixons sans gêne.

 

 

Ouagadougou - Maquis 5* ©FDLH

Ouagadougou – Maquis 5* ©FDLH

La ville a grandi comme elle pouvait, avec les moyens du bord. Je garde en tête ses ronds-points constitués d’une simple pile de pneus. Résultat elle est burkinabè. Beaucoup sont dans la rue comme chez eux : ils discutent, jouent, vendent, achètent, mangent, boivent, transportent tout et n’importe quoi sur les pistes défoncées. En comparaison les rues françaises semblent s’ennuyer. Le centre ? Plus de goudron et un balai de motos qui, à toute heure, démontre une intelligence collective admirable. Plus de commerces et de maquis[1] aux noms comiques, plus de rires dans la voiture de Raymond. Cette superette affiche « Alimentation moins chère », un petit bar modeste se déclare « Maquis 5 étoiles » ; on dirait parfois que les enseignes font de l’autodérision.

Car partout la poésie s’invite. Aux moments les plus inattendus nos hôtes usent d’un français soutenu voir solennel. Où qu’il soit et peu importe son interlocuteur, il me semble qu’en français Raymond dira toujours qu’il va « se soulager ». Il nous passe du Jacques Brel pendant que nous cuisons sur la banquette arrière. Je ris intérieurement devant une grande pub affirmant « qu’avec Maggi, chaque femme est une étoile ». En l’absence de goudron la ville, les pistes et les maisons sont d’un ocre poussiéreux. Seuls les habits des gens, les devantures et les produits élargissent la palette urbaine.

L’odeur, voilà ce qui m’a le plus frappé. Le soleil presse la terre, les plantes, les déchets, les flaques et les hommes pour en retirer une odeur indescriptible, lourde, crue. Ça sent la poussière, le croupi, la rouille mais parfois la viande grillée et l’arbre. Comme Ouaga ce parfum est complexe, je pourrais l’étudier longtemps en imaginant ce qu’il veut dire. Ce parfum ne ment pas, il est le produit de la capitale. Il est son identité, du moins j’aime le penser.

[1] Dans le français burkinabè : un bar ou un restaurant

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